Le statut d'auto-entrepreneur, désormais appelé micro-entrepreneur, offre une grande flexibilité aux indépendants tout en leur permettant de générer des revenus issus de leur activité professionnelle.

Ce régime simplifié séduit de nombreux entrepreneurs en herbe qui souhaitent se lancer sans les contraintes administratives des autres statuts. Cependant, une question revient souvent : quel est le salaire maximum que peut percevoir un auto-entrepreneur ?

Cet article explore en détail tout ce qu’il faut savoir sur le salaire de l’auto-entrepreneur.

 

Les spécificités de la rémunération en auto-entrepreneuriat

 

Contrairement à un salarié classique, l'auto-entrepreneur ne perçoit pas à proprement parler un "salaire". Sa rémunération provient directement de son chiffre d'affaires, duquel il devra déduire diverses charges et cotisations.

L'une des principales caractéristiques du statut d'auto-entrepreneur réside dans la liberté de fixer ses tarifs et, par conséquent, sa rémunération.

Cette liberté s'accompagne néanmoins de plusieurs contraintes à prendre en compte pour déterminer le revenu net que l'auto-entrepreneur pourra effectivement se verser.

Avant de calculer son niveau de rémunération, l'entrepreneur doit s'interroger sur le montant des charges liées à son chiffre d'affaires et analyser les tarifs pratiqués par la concurrence dans son secteur d'activité.

 

Les plafonds de chiffre d'affaires à respecter

 

Le statut d'auto-entrepreneur est soumis à des plafonds de chiffre d'affaires qui constituent une limite supérieure aux revenus potentiels. Pour bénéficier de ce régime simplifié, l'entrepreneur doit respecter les seuils suivants :

 

  • 188 700 € pour les activités commerciales et les prestations d'hébergement ;

 

  • 77 700 € pour les prestations de services.

 

Dans le cas d'une activité mixte (combinant vente de marchandises et prestations de services), le chiffre d'affaires global ne doit pas dépasser 188 700 €.

Ces plafonds sont essentiels à respecter car leur dépassement pendant deux années consécutives entraîne la radiation du statut d'auto-entrepreneur et le basculement vers le régime de l'entreprise individuelle classique, avec les obligations comptables et fiscales qui en découlent.

 

Du chiffre d'affaires au revenu net : comprendre les prélèvements

 

Pour calculer le salaire maximum d'un auto-entrepreneur, il est nécessaire de déduire du chiffre d'affaires l'ensemble des charges et prélèvements obligatoires.

 

  • Les cotisations sociales

 

Le statut de micro-entrepreneur permet de bénéficier d'un régime simplifié de calcul et de paiement des cotisations sociales obligatoires.

Ces cotisations sont calculées directement sur le chiffre d'affaires réalisé et varient selon le type d'activité exercée :

 

  • 12,3 % pour la vente de marchandises ;

 

  • 21,2 % pour les prestations de services artisanales et commerciales (BIC) ;

 

  • 23,1 % pour les professions libérales classiques (BNC) et les professions libérales réglementées qui dépendent de la CIPAV.

 

Il convient de noter qu'une évolution des taux est prévue par la loi depuis le 1er juillet 2024.

Le taux de 21,1 % concernant principalement les professionnels libéraux évolue progressivement sur une période de trois ans selon le calendrier suivant :

 

  • Du 1er juillet au 31 décembre 2024 : 23,1 % ;

 

  • Du 1er janvier au 31 décembre 2025 : 24,6 % ;

 

  • À partir du 1er janvier 2026 : 26,1 %.

 

  • La contribution à la formation professionnelle

 

En plus des cotisations sociales, l'auto-entrepreneur doit s'acquitter de la contribution à la formation professionnelle (CFP). Cette contribution est prélevée sur le chiffre d'affaires selon les taux suivants :

 

  • 0,1 % pour les commerçants ;

 

  • 0,2 % pour les professionnels libéraux et prestations de services ;

 

  • 0,3 % pour les artisans.

 

  • L'imposition fiscale

 

Concernant l'imposition, l'auto-entrepreneur est soumis par défaut à l'impôt sur le revenu, réglé chaque mois par prélèvement à la source.

Toutefois, il peut opter sous certaines conditions pour un prélèvement libératoire de l'impôt grâce au régime micro-social simplifié.

Dans ce cas, l'impôt est prélevé en même temps que les charges sociales, selon un pourcentage fixe qui dépend de la nature de l'activité :

 

  • 1 % pour la vente de marchandises ;

 

  • 1,7 % pour les services artisanaux ;

 

  • 2,2 % pour les prestations de services.

 

  • La cotisation foncière des entreprises et la TVA

 

L'auto-entrepreneur est également redevable de la cotisation foncière des entreprises (CFE) dans la commune où est domiciliée son activité, avec toutefois une exonération la première année d'activité.

Concernant la TVA, les auto-entrepreneurs bénéficient du régime de franchise en base de TVA, ce qui signifie qu'en dessous d'un certain seuil, ils sont exonérés de collecter et reverser la TVA. En 2023, ce seuil s'élevait à :

 

  • 36 800 euros pour les artisans et les professions libérales.

 

  • 91 900 euros pour les commerçants.

 

Les frais professionnels à considérer

 

Il est important de noter que ces calculs ne tiennent pas compte des frais professionnels liés au fonctionnement de l'activité.

Ces frais viennent également réduire le revenu net de l'auto-entrepreneur. Il s'agit notamment :

 

  • De l'achat de marchandises ou de matériels essentiels ;

 

  • De la location de locaux ou de véhicules ;

 

  • De la création d'un site internet ;

 

  • Des réparations de matériels ;

 

  • De l'embauche éventuelle de personnel ;

 

  • Des frais de déplacement ;

 

  • Des frais de communication et de publicité.

 

Tous ces frais, qu'ils soient réguliers ou occasionnels, doivent être déduits du chiffre d'affaires pour déterminer le revenu réellement disponible pour l'auto-entrepreneur.

 

Le salaire moyen des auto-entrepreneurs : la réalité du terrain

 

Si les calculs précédents présentent un salaire maximum théorique intéressant, la réalité du terrain est souvent bien différente.

Selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), les auto-entrepreneurs représentent environ 43 % des personnes exerçant une activité non salariée en France, avec un nombre estimé à 1,4 millions en 2020.

Cependant, l'étude de l'INSEE met en lumière que le revenu d'activité moyen des auto-entrepreneurs s'élève à seulement 590 euros par mois. Ce faible revenu moyen s'explique par plusieurs facteurs :

 

  • La nature du régime qui impose des plafonds sur les chiffres d'affaires ;

 

  • Le fait que la micro-entreprise constitue souvent une activité complémentaire à un emploi salarié ;

 

  • Des niveaux d'expertise variables selon les entrepreneurs ;

 

  • Des disparités importantes selon les secteurs d'activité. 

 

Les auto-entrepreneurs sont principalement présents dans plusieurs domaines : la coiffure, la construction, les arts et spectacles, l'industrie, la santé et le conseil.

L'ensemble de ces activités représente 40 % des activités des micro-entrepreneurs actifs en France.

 

Stratégies pour maximiser sa rémunération en tant qu'auto-entrepreneur

 

Pour tendre vers le salaire maximum théorique, plusieurs stratégies peuvent être mises en œuvre par l'auto-entrepreneur.

 

  • Optimiser sa tarification

 

La fixation des tarifs est un élément clé pour maximiser sa rémunération. Il est recommandé :

 

  • D'effectuer une étude de marché approfondie pour connaître les tarifs pratiqués par la concurrence ;

 

  • De valoriser son expertise et ses compétences particulières pour justifier des tarifs plus élevés ;

 

  • De prendre en compte le temps non facturable (prospection, devis, gestion administrative) ;

 

  • D'intégrer dans les tarifs les périodes de congés et d'inactivité.

 

  • Réduire les charges

 

Pour augmenter sa rémunération nette, l'auto-entrepreneur peut également chercher à réduire ses charges :

 

  • En demandant l'ACCRE (Aide aux Chômeurs Créateurs ou Repreneurs d'Entreprise) s'il remplit les conditions d'éligibilité, ce qui permet de bénéficier d'une exonération partielle des cotisations sociales pendant les premières années d'activité ;

 

  • En optimisant ses frais professionnels (négociation avec les fournisseurs, mutualisation de certains coûts avec d'autres entrepreneurs) ;

 

  • En choisissant judicieusement entre le régime fiscal de droit commun et le versement libératoire de l'impôt sur le revenu en fonction de sa situation personnelle.

 

  • Diversifier ses sources de revenus

 

Pour maximiser ses revenus tout en respectant les plafonds du régime micro-entrepreneur, il peut être intéressant de :

 

  • Développer des services ou produits complémentaires ;

 

  • Créer des offres à plus forte valeur ajoutée ;

 

  • Fidéliser sa clientèle pour assurer des revenus récurrents ;

 

  • Optimiser son temps de travail pour augmenter sa productivité.

 

Comment justifier ses revenus en tant qu'auto-entrepreneur ?

 

En l'absence de fiche de paie, l'auto-entrepreneur peut avoir besoin de justifier ses revenus dans diverses situations (demande de prêt, location d'appartement...).

Plusieurs documents peuvent alors servir de justificatifs :

 

  • L'extrait de sa déclaration d'impôt sur le revenu et son avis d'imposition ;

 

  • Les justificatifs de déclaration du chiffre d'affaires auprès de l'URSSAF ;

 

  • Un livre ou cahier de recettes détaillant les entrées d'argent ;

 

  • Les relevés bancaires du compte professionnel.

 

Il est donc recommandé pour l'auto-entrepreneur de conserver soigneusement l'ensemble des documents mentionnant ses revenus, car ils pourront être utiles pour justifier d'un niveau de vie ou d'entrées d'argent régulières.

 

En conclusion, le salaire maximum d'un auto-entrepreneur est théoriquement élevé, notamment pour les activités commerciales où il peut atteindre plus de 160 000 € net annuels.

Cependant, la réalité montre que le revenu moyen des auto-entrepreneurs est beaucoup plus modeste, avec environ 590 € mensuels selon l'INSEE.

 

Cette disparité s'explique par de nombreux facteurs, dont les frais professionnels variables selon les secteurs d'activité, le temps effectivement consacré à l'activité, le niveau d'expertise et la capacité à se positionner sur le marché.

 

Pour maximiser sa rémunération en tant qu'auto-entrepreneur tout en restant dans les limites du régime, il est essentiel d'adopter une stratégie globale incluant une tarification optimisée, une gestion rigoureuse des charges et une diversification de ses sources de revenus.

 

Et lorsque l'activité se développe significativement, envisager d'autres statuts juridiques peut permettre de dépasser les limitations inhérentes au régime micro-entrepreneur.

Quel est le salaire maximum d'un auto-entrepreneur ?